Convention : dernière ligne droite, les syndicats haussent le ton
Tous en ordre de bataille. À deux jours de la fin supposée des négociations conventionnelles (la séance du 20 juillet est présentée comme conclusive par la CNAM), les syndicats de médecins libéraux durcissent le ton et expriment à des degrés divers leur mécontentement et leur malaise.
Après avoir fait savoir que sa signature « n’est pas acquise », la CSMF relaye largement cette mise en garde par la voix de diverses organisations affiliées. Ainsi, le syndicat des médecins pathologistes français (SMPF) dénonce le sous-financement de cette spécialité « avec les cotations les plus basses d’Europe » et réclame une mise à niveau de la nomenclature d’anatomie pathologique, au risque de ne plus pouvoir répondre aux exigences des plans Cancer. Le Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR) demande une revalorisation « significative » des actes cliniques et techniques de cette discipline et la reconnaissance du rôle d’expertise des rhumatologues. L’UMESPE (branche spécialiste de la CSMF) se fend également de son communiqué pour souligner que les propositions actuelles « ne peuvent satisfaire » les spécialités cliniques. Et toujours dans la mouvance confédérale, la CSMF Jeunes médecins s’insurge contre la volonté prêtée à la CNAM de « torpiller les médecins remplaçants » (en particulier via la suppression de la prise en charge des cotisations sociales).
Pas en reste, des fédérations régionales de MG-France (Auvergne, Rhône-Alpes...) affirment que les projets conventionnels actuels de l’Assurance-maladie risquent de laisser la médecine générale « dans un état préoccupant » et ne sont que des « copiés collés de la désastreuse convention de 2005 ». Estimant que « le compte n’y est pas », ces fédérations locales préviennent que « les actions sur le terrain reprendront dès l’automne » si aucune avancée n’intervient le 20 juillet. MG-France réclame une généralisation du forfait médecin traitant et un plan d’investissement sur la médecine générale sur cinq ans.
La méfiance est également de mise à la FMF. Dans sa lettre interne, Union Généraliste (UG, branche généraliste de la FMF) ironise sur les modalités et les limites du paiement à la performance à l’étude. « Si le principe se défend, les médecins ne seront pas déçus quant à l’application », prévient UG. Enfin, la branche spécialiste de la FMF considère que le projet conventionnel affiche de « fortes insuffisances qui poussent à la plus grande prudence ». Le syndicat se dit « en attente » de réponses sur la situation financière des spécialités cliniques, l’évolution du coût de la pratique, le secteur optionnel et le réaménagement du parcours de soins.
Majoritaire parmi les spécialistes de plateaux techniques lourds, Le BLOC dénonce pour sa part « l’abandon en rase campagne des praticiens secteur 1 des blocs opératoires dans le projet conventionnel de la CNAM ». Pour ce syndicat, le projet de convention est « vide ». « Pas un centime n’est mis sur le tarif opposable des actes, rigoureusement inchangé depuis 7 ans, pas un centime n’est mis sur le tarif opposable des actes réalisés en urgence, pas un centime n’est mis sur le tarif des actes réalisés en ambulatoire », fulmine cette organisation. Le syndicat se dit favorable à un « secteur optionnel valorisé ».
La direction de l’Assurance-maladie est restée volontairement discrète sur ses marges de manœuvre exactes et devrait dévoiler ses propositions précises de revalorisations (consultations lourdes à forte valeur ajoutée, valeur du point pour le paiement sur objectifs, CCAM technique) lors de l’ultime séance.
› CYRILLE DUPUIS
lequotidiendumedecin.fr 18/07/2011
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