Les blouses blanches grisonnent

17 juin 2011

Le paysage de la démographie médicale de 2011 ressemble à celui de l’an passé. Selon l’Atlas de l’Ordre, les effectifs de praticiens actifs font du surplace. Et, doucement mais sûrement, le sommet de la pyramide des âges s’élargit. Le cumul emploi-retraite tente un nombre croissant de sexagénaires, et de leur côté, les trentenaires qui s’installent en ville sont ravis de leur vie de libéraux !

Globalement, les rangs du corps médical restent toujours aussi fournis mais inexorablement, sa population continue à prendre de l’âge. Comme chaque année depuis 2007, le CNOM a livré cette semaine ses données et ses commentaires sur la démographie des médecins. Au 1er janvier, on comptait 199 987 médecins inscrits en activité régulière soit une érosion imperceptible de 0,03%. A l’échelon départemental, les évolutions de la population médicale vont de -4,2% pour l’Aveyron à +2,93% pour la Haute-Savoie. Globalement, la densité médicale par rapport à la population française continue de diminuer : 306,7 médecins pour 100 000 habitants contre 308,8 un an auparavant. Les déséquilibres sont toujours aussi marqués : 370 en PACA, 366 en Ile-de-France à 239 en Picardie. Et leur âge moyen continue d’augmenter : 51,4 contre 50 ans l’année dernière, 53 ans pour les hommes et 49 ans pour les femmes. Les plus de 55 ans représentent désormais 42,9% des effectifs.

Les conséquences de ce vieillissement sur l’offre de soins sont contrastées. La bonne nouvelle, c’est que les jeunes retraités sont de plus en plus partants pour rempiler. L’Ordre a enregistré en an un boom de plus de 30% du nombre de médecins retraités actifs. Agés en moyenne de 68,6, ces 7300 confrères sont huit fois sur dix des hommes. « Il est important dans la situation actuelle de continuer à encourager les nouveaux retraités à poursuivre une activité, notamment en supprimant pour eux les cotisations sociales à fonds perdu, a commenté Michel Legmann, le président du CNOM. D’autant que c’est économique : les vieux médecins prescrivent moins de médicaments et d’examens complémentaires que les jeunes ».

« C’est intéressant de voir que les médecins arrivés à l’âge de la retraite ont envie de continuer à travailler en dépit de toutes les récriminations exprimées par la profession sur l’exercice professionnel, » constate pour sa part le Dr Patrick Romestaing, président de la section démographie médicale de l’Ordre. Pourtant, le paradoxe est que, dans le même temps, de plus en plus de médecins dévissent leur plaque avant l’heure : 903 exactement, majoritairement dans de grandes villes comme Montpellier, Nice ou Strasbourg. Ils sont âgés en moyenne de 54 ans, sont des hommes pour les deux tiers d’entre eux, généralistes sept fois sur dix, qui quittent leur cabinet de ville après en moyenne 21,5 ans pour grossir les rangs du salariat en EHPAD, centres de santé ou collectivités territoriales. « Charges financières trop lourdes », « temps de travail journalier trop important », « incompatibilité avec la vie des familles » sont les raisons les plus souvent invoquées par ces praticiens que le CNOM a interrogé, via une enquête. A l’inverse, chez les 1211 nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre en 2010 et qui ont opté pour le libéral, on ne regrette pas son choix. A peine 6% d’entre eux, également interrogés par l’Ordre, sont « peu satisfaits » ou « pas satisfaits » de leur exercice actuel. Le libéral est d’abord synonyme « d’indépendance », de « contacts privilégiés avec la patientèle » et de « liberté dans la gestion du temps » rappellent ces oiseaux rares, mais qui représentent en réalité moins d’un nouvel inscrit sur dix.